Bonjour à tous,
Actuellement en classe de Première ES, je suis en train de préparer comme tous le monde ce fameux BAC de français qui nous attend en fin d'année. Mais voilà, ce n'est aussi simple que je le pensais, certaines choses me posent vraiment problème, et je viens donc solliciter votre aide en espérant que vous pourrez m'éclairer. :)
Étant nouveau sur ce remarquable forum que j'ai récemment découvert, je ne suis pas encore très familier avec ses pratiques donc j'espère que je ne me suis pas trompé de partie et que mon sujet contient le nécessaire... Nous allons pouvoir passer dans le vif du sujet.
Alors voilà je dois préparer pour la rentrée (soit le lundi 3 novembre) la lecture analytique de la scène d'exposition de La Cantatrice Chauve d'Ionesco, qui va me servir pour mon oral du BAC en fin d'année. J'ai dores et déjà élaboré une introduction complète avec une problématique et un plan, rédigée une grande partie du développement ainsi que la conclusion.
Or, voilà le problème. Lorsque j'ai construit mon plan, je pensais avoir tous les éléments en main. Néanmoins, je suis finalement en manque d'idées pour les 2 dernières sous parties de ma deuxième partie, c'est-à-dire que j'ai bien relevé un ou deux éléments de réponse à partir de l'extrait et je suis persuadé qu'ils constituent des thèmes importants du textes mais je ne parviens pas à formuler tout cela et à construire un paragraphe argumenté avec une explication et une interprétation. POURRIEZ VOUS SVP M'AIDER A ACHEVER CELA?
/!\ Je suis bien conscient que le jour du BAC, une présentation orale ne dure que 10 minutes et que mon travail dépasse largement cette durée, néanmoins, étant en vacance, je préfère prendre mon temps afin d'être exhaustif et de dégager toute les idées / pistes de ce texte afin d'avoir en tête tous les éléments et pouvoir remodeler ça plus facilement durant l'épreuve, en fonction de la nouvelle problématique donnée par le professeur.
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SCÈNE I
Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais. Soirée anglaise. M. Smith, Anglais, dans son fauteuil anglais et ses pantoufles anglaises, fume sa pipe an-glaise et lit un journal anglais, près d’un feu anglais. Il a des lunettes anglaises, une petite moustache grise, anglaise. A côté de lui, dans un autre fauteuil anglais, Mme Smith, Anglaise, raccommode des chaussettes anglaises. Un long moment de silence anglais. La pen-du.’ anglaise frappe dix-sept coups anglais.
Mme SMITH : Tiens, il est neuf heures. Noua avons mangé de la soupe, du poisson, des pommes (le terre au lard, de la salade anglaise. Les enfants ont bu de l’eau anglaise. Nous avons bien mangé, ce soir. Cest parce que nous habitons dans les environs de Londres et que notre nom est Smith.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa lan-gue.
Mme SMITH : Les pommes de terre sont très bonnes avec le lard, l’huile de la salade n’était pas rance. L’huile de l’épicier du coin est de bien meilleure qualité que l’huile de l’épicier d’en face, elle est même meil-leure que l’huile de l’épicier du bas de la côte. Mais je ne veux pas dire que leur huile à eux soit mauvaise.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa lan-gue.
Mme SMITH : Pourtant, c’est toujours l’huile de l’épicier du coin qui est la meilleure...
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa lan-gue.
Mme SMITH : Mari a bien cuit les pommes de terre, cette fois-ci. La dernière fois elle ne les avait pas bien fait cuire. Je ne les aime que lorsqu’elles sont bien cui-tes.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa lan-gue.
Mme SMITH Le poisson était frais. Je m’en suis léché les babines. J’en ai pris deux fois. Non, trois fois. Ça me fait aller aux cabinets. Toi aussi tu en as pris trois fois. Cependant la troisième fois, tu en as pris moins que les deux premières fois, tandis que moi j’en ai pris beau-coup plus. J’ai mieux mangé que toi, ce soir. Comment ça se fait? D’habitude, c’est toi qui manges le plus. Ce n’est pas l’ appétit qui te man que.
M. SMITH, fait claquer sa langue.
Mme SMITH : Cependant, la soupe était peut-être un peu trop salée. Elle avait plus de se’ que toi. Ab, ah, ah. Elle avait aussi trop de poireaux et pas assez d’oignons. Je regrette de ne pas avoir conseillé à Mary d’y ajouter un peu d’anis étoilé. La prochaine fois, je saurai m’y prendre.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa lan-gue.
Mme SMITH : Notre petit garçon aurait bien voulu boire de la bière, il aimer, s’en mettre plein la lampe, il te ressemble. Tu as vu à table, comme il visait la bou-teille? Mais moi, j’ai versé dans son verre de l’eau de la carafe. Il avait soif et il l’a bue. Hélène me ressem¬ble : elle est bonne ménagère, économe, joue du piano. Elle ne demande jamais à boire de la bière anglaise. C’est comme notre petite file qui ne boit que du lait et ne mange que de la bouillie. Ça se voit qu’elle n’a que deux ans. Elle s’appelle Peggy.
La tarte aux coings et aux haricots a été formidable. On aurait bien fait peut-être de prendre, au dessert, un petit verre de vin de Bourgogne australien mais je n’ai pas apporté le vin à table afin de ne pas donner aux enfants une mauvaise preuve de gourmandise. Il faut leur ap-prendre à être sobre et mesuré dans la vie.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa lan-gue.
Mme SMITH : Ms. Parier connaît un épicier bul¬gare, nommé Popochef Rosenfeld, qui vient d’arriver de Constantinople. C’est un grand spécialiste en yaourt.
Il est diplômé de l’école des fabricants de yaourt d’Andri¬nople. J’irai demain lui acheter une grande marmite de yaourt bulgare folklorique. On n’a pas sou-vent des choses pareilles ici, dans les environs de Lon-dres.
M. SMITH, continuant sa lecture, fait claquer sa lan-gue.
Aline SMITH : Le yaourt est excellent pour l’estomac, les reins, l’appendicite et l’apothéose. C’est ce que m’a dit le docteur Mackenzie-King qui soigne les enfants de nos voisins, les Johns. C’est un bon médecin. On peut avoir confiance en lui. Il ne recommande jamais d’autres médicaments que ceux dont il a fait l’expérience sur lui-même. Avant de faire opérer Parier, c’est lui d’abord qui s’est fait opérer du foie, sans être aucunement malade.
M. SMITH : Mais alors comment se fait-il que le doc-teur s’en soit tiré et que Paker en soit mort?
Mme SMITH : Parce que l’opération a réussi chez le docteur et n’a pas réussi chez Parker.
M. SMITH : Alors Mackenzie n’est pas un bon docteur. L’opération aurait dû réussir chez tous les deux ou alors tous les deux auraient dû succomber.
Mme SMITH : Pourquoi?
M. SMITH : Un médecin consciencieux doit mourir avec le malade s’ils ne peuvent pas guérir ensemble. Le commandant d’un bateau périt avec le bateau, dans les vagues. Il ne lui survit pas.
Mme SMITH : On ne peut comparer un malade à un bateau.
M. SMITH Pourquoi pas? Le bateau a aussi ses mala-dies; d’ailleurs ton docteur est aussi sain qu’un vais-seau; voilà pourquoi encore il devait périr en même temps que le malade comme le docteur et son bateau.
Mme SMITH . Ah! Je n’y avais pas pensé... C’est peut-être juste... et alors, quelle conclusion en tires-tu?
M. SMITH : C’est que tous les docteurs ne sont que des charlatans. Et tous les malades aussi. Seule la marine est honnête en Angleterre.
Mme SMITH : Mais pas les marins.
,M. SMITH : Naturellement.
Pause.
M. SMITH, toujours avec son journal : Il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi à la rubrique de l’état civil, dans le journal, donne-t-on toujours l’âge des personnes décédées et jamais celui des nouveau-nés? C’est un non-sens.
Mme SMITH : Je ne me le suis jamais demandé!
Un autre moment de silence. La pendule sonne sept fois. Silence. La pendule sonne trois fois. Silence. La pendule ne sonne aucune fois.
M. SMITH, toujours dans son journal : Tiens, c’est écrit que Bobby Watson est mort.
Mme SMITH : Mon Dieu, le pauvre, quand est-ce qu’il est mort ?
NI. SMITH Pourquoi prends-tu cet air étonné? Tu le savais bien. Il est mort il y a deux ans. Tu te rappelles, on a été à son enterrement, il y a un an et demi,
Mme SMITH : Bien sûr que je me rappelle. Je me suis rappelé tout de suite, mais je ne comprends pas pour-quoi toi-même tu as été si étonné de voir ça sur le jour-nal.
M. SMITH : Ça n’y était pas sur le journal. Il y a déjà trois ans qu’on a parlé de son décès. Je m’en suis sou-venu par association d’idées!
Mme SMITH : Dommage! Il était si bien conservé.
M. SMITH : C’était le plus joli cadavre de Grande-bretagne! Il ne paraissait pas son âge. Pauvre Bobby, il y avait quatre ans qu’il était mort et il était encore chaud. Un véritable cadavre vivant. Et comme il était gai!
Mme SMITH : La pauvre Bobby.
M. SMITH : Tu veux dire « le » pauvre Bobby.
Mme SMITH : Non, c’est à sa femme que je pense. Elle s’appelait comme lui, Bobby, Bobby Watson. Comme ils avaient le même nom, on ne pouvait pas les distin-guer l’un de l’autre quand on les voyait ensem¬ble. Ce n’est qu’après sa mort à lui, qu’on a pu vraiment savoir qui était l’un et qui était l’autre. Pourtant, aujour¬d’hui encore, il y a des gens qui la confondent avec le mort et lui présentent des condoléances. Tu la connais?
M. SMITH : Je ne l’ai vue qu’une fois, par hasard, à l’enterrement de Bobby.
Mme SMITH : Je ne l’ai jamais vue. Est-ce qu’elle est belle?
M. SMITH : Elle a des traits réguliers et pourtant on ne peut pas dire qu’elle est belle. Elle est trop grande et trop forte. Ses traits ne sont pas réguliers et pourtant on peut dire qu’elle est très belle. Elle est un peu trop petite et trop maigre. Elle est professeur de chant.
La pendule sonne cinq fois. Un long temps.
Mme SMITH : Et quand pensent-ils se marier, tous les deux?
M. SMITH : Le printemps prochain, au plus tard.
Mme SMITH : Il faudra sans doute aller à leur mariage.
M. SMITH : Il faudra leur faire un cadeau de noces. Je me demande lequel?
Mme SMITH: : Pourquoi ne leur offririons-nous pas un des sept plateaux d’argent dont on nous a fait cadeau à notre mariage à nous et qui ne nous ont jamais servi à rien ?
Court silence. La pendule sonne deux fois.
Mme SMITH : C’est triste pour elle d’être demeurée veuve si jeune.
M. SMITH : Heureusement qu’ils n’ont pas eu d’enfants.
Mme SMITH : Il ne leur manquait plus que cela! Des enfants! Pauvre femme, qu’est-ce qu’elle en aurait fait!
M. SMITH : Elle est encore jeune. Elle peut très bien se remarier. Le deuil lui va si bien!
Mme SMITH . Mais qui prendra soin des enfants? Tu sais bien qu’ils ont un garçon et une fille. Comment s’appellent-ils ?
M. SMITH Bobby et Bobby comme leurs parents. L’oncle de Bobby Watson, le vieux Bobby Watson, est riche et il aime le garçon. Il pourrait très bien se charger de l’éducation de Bobby.
Mme SMITH : Ce serait naturel. Et la tante de Bobby Watson, la vieille Bobby Watson, pourrait très bien, à son tour, se charger de l’éducation de Bobby Watson, la fille de Bobby Watson. Comme ça, la maman de Bobby Watson, Bobby, pourrait se remarier, Elle a quelqu’un en vue?
M. SMITH : Oui, un cousin de Bobby Watson.
Mme SMITH : Qui? Bobby Watson.
M. SMITH : De quel Bobby Watson parles-tu?
Mme SMITH : De Bobby Watson, le fils du vieux Bob-by Watson l’autre oncle de Bobby Watson, le mort.
M. SMITH : Non, ce n’est pas celui-là, c’est un autre. C’est Bobby Watson, le fils de la vieille Bobby Watson la tante de Bobby Watson, le mort.
Mme SMITH : Tu veux parler de Bobby Watson, le commis voyageur?
M. SMiTH : Tous les Bobby Watson sont commis voyageurs.
Mme SMITH : Quel dur métier! Pourtant, on y fait de bonnes affaires.
M. SMITH : Oui, quand il n’y a pas de concurrence.
Mme SMITH : Et quand n’y a-t-il pas de concurrence?
M. SMITH : Le mardi, le jeudi et le mardi.
Mme SMITH : Ah! trois jours par semaine? Et que fait Bobby Watson pendant ce temps-là?
M. SMITH : Il se repose, il dort.
Mme SMITH : Mais pourquoi ne travaille-t-il pas pendant ces trois jours s’il n’y a pas de concurrence?
M. SMITH : Je ne peux pas tout savoir. Je ne peux pas répondre à toutes tes questions idiotes!
Mme SMITH, offensée : Tu dis ça pour m’humilier?
M. SMITH, tout souriant : T u sais bien que non.
Mme SMITH : Les hommes sont tous pareils! Vous restez là, toute la journée, la cigarette à la bouche ou bien vous vous mettez de la poudre et vous fardez vos lèvres, cinquante fois par jour, si vous n’êtes pas en train de boire sans arrêt!
M. SMITH : Mais qu’est-ce que tu dirais si tu voyais les hommes faire comme les femmes, fumer toute la jour-née, se poudrer, se mettre du rouge aux lèvres, boire du whisky?
Mme SMITh : Quant à moi, je m’en fiche! Mais si tu dis ça pour m’embêter, alors... je n’aime pas ce genre de plaisanterie, tu le sais bien!
Elle jette les chaussettes très loin et montre ses dents. Elle se lève 1.
M. SMITH, se lève 0 son tour et va vers sa femme, tendrement : Oh! mon petit poulet rôti, pourquoi craches-tu du feu! tu sais bien que je dis ça pour rire! (Il la prend par la taille et l’embrasse.) Quel ridicule couple de vieux amoureux nous faisons! Viens, nous allons éteindre et nous allons faire dodo!
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Lecture analytique de la scène d’exposition
de la Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco, 1950
INTRODUCTION
[Présentation] Auteur : Ionesco (1909-1994) est un dramaturge français d’origine roumaine du XXème siècle, considéré comme une figure majeure du "nouveau théâtre" et plus précisément de ce que l’on appela le théâtre de l’absurde (qui réunit aussi Samuel Beckett), un style de théâtre qui traite essentiellement de l’absurdité du monde, de l’Homme et de la vie en général.
Œuvre : Représenté en 1950, La Cantatrice chauve est la première pièce de théâtre d’Ionesco. Il s’agit d’une œuvre composée de 11 scènes mettent en scène 6 personnages dont le couple principal, M. et Mme Smith. Sans intrigue véritable, la pièce parodie les règles du théâtre classique et fonctionne sur le non-sens et l’absurde.
Extrait : L'extrait que nous allons étudier est la scène d’exposition de l’œuvre.
[Problématique] Comment Ionesco parvient-il, dans cette scène d’exposition, à se libérer des carcans du classicisme tout en présentant les caractéristiques d’un genre théâtral annonciateur de nouvelles remises en questions ?
[Annonce du plan] Nous verrons que cette scène d’ouverture est pour le moins original et se démarque dès les premières répliques des genres plus classiques, tout en permettant à Ionesco d’introduire son projet qui consiste à écrire une anti-pièce annonciatrice de nouvelles critiques sociologiques.
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Ne pas dire à l’oral
PLAN
I. Une scène d’ouverture originale en rupture par rapport aux genres plus classiques
a) Un cadre spatio-temporel à la fois précis et incohérent
b) Le jeu avec les personnages
c) L’absence d’intrigue
II. Caractéristique du théâtre de l’absurde, et permet d’annoncer de nouvelles remises en questions
a) Un anti-théâtre
b) Le non sens de la vie
c) La dérision de l’Homme
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I. Une scène d’ouverture originale en rupture par rapport aux genres plus classiques
a) Un cadre spatio-temporel à la fois précis et incohérent
Tout d’abord cette scène d’exposition fournit d’une part des informations très précises concernant le cadre spatial et le décor à travers la longue didascalie initiale. On apprend ainsi que l’on est dans un « salon bourgeois anglais », avec « des fauteuils » et « un feu » Mme Smith nous indique même que l’action dramatique se déroule dans : « les environs de Londres » (l.4).
D’autre part, ces indications scéniques sont censées aider à la mise en scène et apporter des informations aux lecteurs. Mais cette utilité est remise en question par la répétition et la déclinaison du terme « anglais » (l.1, 2, 3). Bien que qualificatif, cet adjectif épuise en fait son sens à force d’être répété : en effet, si un fauteuil peut être à la rigueur de style anglais, et un intérieur bourgeois aussi, en revanche, un feu ne peut pas l’être, des chaussettes non plus et un silence encore moins : cela contribue à renforcer l’incohérence des lieux et des personnages ainsi que leur caractère artificiel.
Par ailleurs, l’insistance sur l’horloge parodie la convention classique qui consiste à indiquer par une périphrase le moment de la journée qu’il est au début de la pièce (pour souligner le respect de l’unité de temps). En effet, ici, Mme Smith souligne artificiellement l’heure dans sa première réplique, ce qui renvoie à cette convention. Néanmoins pendant la conversation, la pendule sonne de manière discontinue et sans logique apparente d’abord 7 fois, puis 3 fois, puis 5 fois, puis 2 fois, ce qui contredit d’emblée ses paroles. Ainsi l’action se déroule d’après le contexte présenté durant la soirée cependant l’heure demeure indéterminée et source d’incohérence.
On constate qu’il y a volonté d’insister sur les données de temps et le lieu, afin de permettre une mise en scène tout en renforçant le caractère absurde de la pièce ; le cadre spatio-temporel est par conséquent à la fois précis et intrinsèquement inexistant car les informations fournies se contredisent tour à tour.
b) Le jeu avec les personnages
Quant aux personnages, seuls Monsieur et Madame SMITH sont introduis aux spectateurs. Ces derniers caractérisés par l’absence totale de profondeur psychologique ou même de consistance se démarquent également des règles classiques. En effet, ils portent un nom très typique, le plus répandus en Angleterre et l’incohérence ainsi que la superficialité de leur échange ne permet pas au spectateur de déterminer une quelconque personnalité. Au contraire, cela ne fait que renforcer le caractère absurde et parodique de la pièce. Par exemple, au niveau de la forme, entre la ligne 4 et la ligne 34, le dialogue n’en est pas un puisque M. SMITH ne répond pas; mais il ne s’agit pas d’un monologue non plus étant donné que M. SMITH est présent et interrompt sa femme ; on observe donc un refus donc de ces deux formes d’échange typiques du théâtre.
Ensuite, au niveau du contenu, les personnages offrent des informations qui n’ont strictement aucun intérêt à l’action et qui se rapportent toutes à des données extrêmement triviales et quotidiennes tels que le repas du soir qui est très détaillé par Mme SMITH entre la ligne 4 et 34, voire vulgaire avec la mention des cabinets à la ligne 16. Or ce genre de détails choquant n’aurait pas eu lieu d’être dans une pièce classique. De même, divers procédés tels que : les sophismes (raisonnement faux, ayant l’apparence d’un raisonnement logique et qui est fait dans le but de tromper), les tautologies (caractère redondant d’une proposition dont le prédicat ne dit rien de plus que le sujet) et les analogies niaises ridiculisent toute prétention à une conversation suivie et cohérente, faisant ainsi voler en éclat la logique traditionnelle de la rationalité et de la vraisemblance.
c) L’absence d’intrigue
Enfin, s’agissant d’une scène d’exposition, celle ci devrait traditionnellement donner des éléments de l’intrigue à venir ; or, c’est une mécanique qui tourne à vide, un déferlement d’informations mais qui ne sera strictement d’aucune utilité dans la suite et qui ne fait que se répéter. L’arrivée des autres personnages n’est en effet pas annoncée et aucun événement passé ou futur en lien avec une quelconque action dramatique n’est révélée. Par exemple, les considérations sur l’épicier n’ont aucune espèce d’intérêt ; on n’en entendra pas reparler alors que dans une pièce autre, la seule mention de l’épicier aurait laissé entendre qu’il y joue un rôle.
Le déferlement d’informations est donc paradoxalement en train de souligner la vacuité (caractère de ce qui est vide) de la scène puisque les informations données sont inutiles et celles qui auraient dû être données inexistantes. Ainsi, IONESCO remet en question les fonctions classiques de la scène d’exposition : l’action n’est pas lancée et rien de ce qui pourrait constituer une intrigue réelle n’est annoncé.
II. Caractéristique du théâtre de l’absurde, et permet d’annoncer de nouvelles remises en questions
a) Un anti-théâtre
On voit bien qu’Ionesco présente dans cette scène d’exposition toutes les caractéristiques du théâtre de l’absurde. Tout d’abord cette scène annonce un anti-théâtre dressé contre la « pièce bien faite » du classicisme. En effet, par définition, une scène d'exposition doit introduire l'intrigue et offrir au spectateur les informations nécessaires à la compréhension de la pièce et de la mise en scène. Or, cette scène d’exposition annonce au contraire l’absence d’intrigue et de cohérence à tous les niveaux. Par exemple, il n’y a pas de véritable progression dramatique, le cadre spatiotemporel est à la fois précis et inexistant et les personnages sont entraînés dans des dialogues sans logique, sans argument et finalement, sans réel locuteur comme nous pouvons le constater entre les lignes 4 et 34. Cette œuvre est donc une "anti-pièce", au sens où elle refuse l'ensemble des conventions théâtrales traditionnelles et détruit toute vraisemblance.
b) Le non sens de la vie
Cette scène répond bien au principe fondamental du théâtre de l’absurde qui consiste à s’interroger sur le non sens de la vie.
Exploiter la ligne 52 ?
... ?
c) La dérision de l’Homme
... ?
CONCLUSION
La Cantatrice chauve se démarque des œuvres dramatiques plus classiques en déroutant le spectateur par son absurdité et sa platitude affichée dès la scène d’exposition. Il se trouve que cette première scène nous permet largement de décrypter les principaux aspects et thèmes de la pièce à venir. IONESCO nous présente ainsi une parodie des caractéristiques du théâtre à travers l’absence d’intrigues, la coexistence des contraires ou encore des évidences remises en causes qui suscitent alors l’intérêt du spectateur à travers l’incompréhension, la surprise voire le rire. Ce dernier s’interroge ainsi sur le sens d’une telle pièce et la critique sociologique qui se cache derrière. Compte tenu du fait que l’aspect ludique ne repose que sur l’absence de cohérence dans le jeu, cette critique de la société constituerait donc au bout du compte la finalité réel de la pièce.
Merci d'avance pour votre aide,
PS: Désolé pour le pavé, si vous avez eu le courage de tout lire... :P
Soapme