Zorah
Bonjour,
Le participe passé de se plaire à est-il invariable, comme celui de plaire ?
Exemple : Les deux fillettes se sont bien plu. Pas de problème (se est un complément indirect, équivalenr d'un datif).
Mais que doit-on dire : Elle s'est plu à faire enrager son frère, ou Elle s'est plue ? Et s'est-elle complue à lui faire plaisir, ou elle s'y est-elle complu ? Il me semblerait que dans ces cas se est bien complément direct ? Les lumières de Jehan me sont nécessaires...
Zorah
[supprimé]
Bonjour !
Tout comme pour plaire, le participe passé du pronominal "se plaire" - et celui de ses composés - est invariable !
Elle s'est plu à faire enrager son frère.
Elle s'est complu à lui faire plaisir.
Elle a plu à qui ? A elle-même. A faire quoi ? A lui faire plaisir.
Je ne crois pas que "se" soit COD du participe... Je pencherais plutôt pour un C.O.I. (plaire étant un transitif indirect, il ne peut avoir de COD).
Attendons vérification, cela vaut mieux.
Bien cordialement,
Zadek.
Muriel
Bonjour,
Grevisse, dans
Le Français correct, dit ceci [lien invalide].
Le « N.B. » signalé n'étant pas consultable en ligne, je vous le recopie (page 267, paragraphe 963 ) :
N.B. Plus d'un auteur cependant fait variable le participe de se plaire, se déplaire, se complaire : Chez tous elle s'était PLUE à éveiller l'amour (A. Maurois). — Presque jamais les hommes ne s'étaient COMPLUS à un aspect aussi barbare [...] (Aragon).
Un autre jugement nuancé
ici (Littré).
Muriel
Jehan
On retiendra tout de même que l'invariabilité est "l'usage le plus général".
Et comme c'est le plus simple...
Muriel
Je pense moi aussi que l'invariabilité est nettement préférable.
[supprimé]
Aucune discussion possible alors :D ! Ne me suis-je pas trompé en attribuant au "se" la fonction de COI ?
Je ne crois pas que "se" soit COD du participe... Je pencherais plutôt pour un C.O.I. (plaire étant un transitif indirect, il ne peut avoir de COD).
Jehan
Tu ne t'es pas trompé...
On considère en général que c'est bien un COI...
Puisque le verbe simple, comme tu l'as dit, est un transitif indirect.
D'où l'invariabilité.
Seuls les tenants (minoritaires) du participe variable considèrent que le "se" de "se complaire" n'est pas plus analysable que le " se" de "se souvenir", par exemple...
Zorah
Eh bien merci à vous trois, Muriel, Jehan, Zadek. Avant vos explications je pensais naïvement (?) que deux phrases telles que se vautrer dans la fange et se complaire dans le malheur s'analysaient strictement de la même façon, et que l'on pouvait donc écrire, au passé, Elles se sont vautrées dans la fange et Elles se sont complues dans le malheur. Mais c'est quand même subtil, n'est-ce pas ?
[supprimé]
Zorah a écritElles se sont vautrées dans la fange et Elles se sont complues dans le malheur.
Ou elles se sont complu dans le malheur ! Finalement, c'est selon le locuteur : on choisit ou non de respecter la règle, c'est bien cela ?
Zorah
Un moment de réflexion suffit en effet à comprendre que vautrer et complaire n'acceptent pas la même construction : on peut dire à la rigueur vautrer quelqu'un dans la boue, c'est un transitif direct. Mais il est imposssible de dire complaire quelqu'un dans le malheur : complaire n'est qu'apparemment un transitif direct dans la phrase Elles se sont complues dans le malheur. D'où l'absence préférable d'accord, parfaitement logique selon moi.
Le cas de se dans se souvenir me paraît différent. Le verbe était jusqu'à la fin du XIXème siècle un impersonnel, il ne le reste aujourd'hui que dans la langue littéraire ou par recherche d'un effet poétique : Il me souvient, il lui souvient, t'en souvient-il ? Ce n'est finalement que par corruption de la conjugaison impersonnelle que notre verbe pronominal a vu le jour. De ce fait les pronoms qui s'analysaient sans difficulté dans une phrase pronominale deviennent d'analyse délicate une fois la phrase mise sous la forme pronominale telle que nous la connaissons actuellement : je me souviens, il se souvient, t'en souviens-tu ?
Catherine75
Zorah a écritD'où l'absence préférable d'accord, parfaitement logique selon moi.
Bonjour,
Il n'y a pas "d'absence préférable d'accord", il n'y a tout simplement
jamais d'accord. Les participes passés "plu" et "complu" sont invariables.
Bonne journée à tous.
[supprimé]
Pourquoi
se complaire est-il classé pronominal autonome (j'ignorais cette classification)
ici
donc entraînant l'accord avec le sujet selon
cela. Il va falloir corriger les pages grammaire du site !
Catherine75
Dictionnaire des difficultés de la langue française de A.V. Thomas, page 305 (à l'article "participe passé des verbes pronominaux") :
Le participe passé des verbes qui ne peuvent avoir de complément d'objet direct reste invariable : Ils se sont ri de ma faiblesse. Ils se sont nui. Elle s'est plu à le tourmenter. Les fêtes se sont succédé jusqu'au lendemain. Que d'hommes se sont craints, déplu, détestés, haïs, menti, trompés, nui ! (ils ont craints eux, déplu à eux...)
Il en est ainsi de :
se complaire, se convenir, se déplaire, s'entre-nuire, se mentir, se nuire, se parler, se plaire, se ressembler, se rire, se sourire, se succéder, se suffire, se survivre.
Anne, les articles de grammaire que vous citez ne sont pas faux, mais simplement incomplets et, à mon avis, manquent de clarté et de précision.
[supprimé]
Catherine75 a écritAnne, les articles de grammaire que vous citez ne sont pas faux, mais simplement incomplets et, à mon avis, manquent de clarté et de précision.
Si, ils sont faux. Pourquoi les a-t-on ajoutés ?
Jehan
Anne a raison.
Ces deux liens sont issus du même article de "Michel", et il y a contradiction explicite entre ces deux extraits.
Après le développement selon lequel les participes des pronominaux autonomes
s'accordent avec le sujet, viennent les exemples :
Voici quelques verbes pronominaux autonomes : s’acharner, s’adonner, s’affaiblir, s’agir (de), s’amener, s’amuser, s’apercevoir (de), s’appesantir (sur), s’approprier, s’attacher (à), s’attaquer (à), s’attendre (à), s’aviser (de), se cabrer, se carrer, se chamailler, se complaire...
On trouve ceci :
Les verbes essentiellement pronominaux « s’entrenuire », « se rire », « se plaire (à ou dans) », « se déplaire » et « se complaire » font exception à la règle. Leur participe passé ne s’accorde pas.
Alors ?
Catherine75
Jehan a écritCes deux liens sont issus du même article de "Michel", et il y a contradiction explicite entre ces deux extraits.
Effectivement. Tout à l'heure, j'ai parcouru trop rapidement les articles, en diagonale, sans lire tous les exemples.
Il me semble important de les modifier.
sidibe
Je voudrais envoyer une réponse mais j'ignore sens de complaire
[supprimé]
Bonjour.
Votre dictionnaire devrait le savoir ;) ! Cf.
complaire - parce que je suis généreux :P.
Cordialement.
Jehan
Bonjour, Sidibe.
Maintenant que tu connais le sens de complaire et de se complaire... quelle réponse supplémentaire veux-tu nous envoyer à ce sujet ?
Nous avons déjà parlé longuement ci-dessus de l'accord du participe passé complu...
Michel
Chers Jehan, Catherine 75 et Anne 345, bonjour.
Il me semble qu'au moins un certain nombre d'entre vous pèchent par excès de confiance.
Je vous rappelle d'abord, cher Jehan, que, selon M. Grevisse, s'il y a un complément d'objet direct, cet objet détermine l'accord du participe passé d'un verbe essentiellement pronominal. On écrira donc, par exemple, "Il est singulier de voir les erreurs qu'elle s'est imaginées"; dans ce cas, l'accord ne se fait pas avec le sujet. Cependant, M. Grevisse admet que dans la langue ancienne, la règle qu'il propose n'est souvent pas respectée. Je ne doute pas que vous le sachiez, mais je vous signale que votre intervention pourrait conduire les novices à de fausses conclusions. Vous signalez une contradiction dans mon texte, là où, selon moi, il n'y en a pas. En verriez-vous une si j'écrivais de même "les noms qui se terminent en "ou" prennent un "s" au pluriel; toutefois, "chou", "genou"... font exception à la règle" ?
Vous voudriez, chers tous, qu'il y ait une liste clairement délimitée de verbes pronominaux autonomes. Or, il vous sera facile de constater sur Internet que chaque auteur a sa propre liste, dont il prétend parfois qu'elle est la seule valable. La distinction entre les formes essentiellement pronominales et les formes accidentellement pronominales est beaucoup plus difficile que vous semblez le croire, et je me suis efforcé de montrer que, en définitive, elle n'avait qu'une influence limitée sur l'accord des participes passés.
Ce que j'ai gagné en précision, dans mon exposé, je l'ai perdu en clarté, et je crains que ce ne fût inéluctable. Si vous avez des idées plus claires que les miennes, je serais heureux d'en profiter.
Vous voudrez bien m'excuser de ne pas intervenir plus souvent. Actuellement, je consulte surtout la rubrique "langues vivantes" du forum.
Cordialement et respectueusement.