dandye
Bonjour,
Si l'on veut désigner une femme qui est professeur, comme l'écrire ?
Certains disent que l'on peut dire "un professeur" pour une femme.
D'autres disent que l'on peut très bien dire "une professeure".
Peut-on écrire "une professeur" ?
[supprimé]
Professeur est masculin, on ne peut donc pas écrire *une professeur.
Alors le choix se résume à un professeur, même pour une femme, ou une professeure si on applique la "féminisation des noms de métiers", ce que ne connaît pas le vérificateur d'orthographe du site.
Portia
Pour moi on peut écrire une professeur sans hésitation. Une professeure n'est pas très courant même si la forme existe à l'étranger.
La langue est le reflet de la société et depuis une trentaine d'années une volonté politique a soutenu des réformes. Anne 345 mentionne la "féminisation des noms de métiers et de professions". L'ignorance et le poids des traditions ralentissent des changements au demeurant bien simples. Pour les correcteurs orthographiques on ne peut pas leur demander plus que le basique et de toutes façons même les dictionnaires évoluent lentement (sauf pour les termes un peu provocateurs)
Il y a eu diverses textes sous divers gouvernements. Une note dans le BO du 9 mars 2000 concerne ce sujet.
voici un extrait :
"La suppression de toute discrimination entre les sexes constitue, au demeurant, un principe général du droit, dont la jurisprudence assure depuis quelques années le respect constant.
"
"L'un des moyens de parvenir à la réalisation concrète de cet objectif consiste à féminiser les appellations professionnelles.
Dans ce sens, le Premier ministre a estimé nécessaire de rappeler aux membres du Gouvernement, par circulaire en date du 6 mars 1998 publiée au Journal officiel du 8 mars 1998, l'obligation de faire figurer, dans les textes réglementaires et les documents officiels émanant des administrations et établissements publics de l'État, la dénomination féminine des métiers, fonctions, grades et titres.
Pour préparer la mise en œuvre de ces dispositions, des études ont été menées, en particulier par l'Institut national de la langue française (INALF) qui a établi des recommandations concernant les appellations féminines les mieux adaptées à nos usages. Un guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions, intitulé "Femme, j'écris ton nom", a été publié en juin 1999 à la Documentation française."
Ce guide est disponible sur le net grâce à l'ATILF. On trouve lexique complet et règlements. Pour le mot professeur on trouve les remarques suivantes.
"un professeur (..., de, en, pour) une professeur ou une professeure
Application de la règle 3.2.b.
* Au Québec et en Suisse professeure ; en Belgique professeur. Le verbe professer s'entendant aujourd'hui au sens de "enseigner", la forme professeuse est envisageable. "
La règle mentionnée est la suivante :
"3.2.b. Lorsqu’il n’existe pas de verbe correspondant au nom (ex. : assesseur) ou que la relation sémantique avec le verbe existant n’est pas (ou n'est plus) évidente (ex. : commander/commandeur), on a le choix entre l’emploi épicène (solution adoptée par les Belges) et l’adjonction d’un -e à la finale (solution préconisée par les Québécois et les Suisses),
ex. : une assesseur(e), une censeur(e), une commandeur(e), une gouverneur(e), une ingénieur(e), une professeur(e), une proviseur(e)..."
Lucretius
Tout cela est bien embrouillé, il ne manquerait plus que Topamac propose une réforme qui simplifierait tout.
Muriel
Bonsoir à tous,
Non, hors de question de faire connaître ce fil à Tokamac ! =D
Plus sérieusement, j'ai lu dans Hanse cet exemple : « Cet homme est une sentinelle ». Il me semble que cela pourrait conduire à accepter qu'une femme soit un professeur, pourquoi pas ? Dans l'absolu, je ne suis pas dérangée. Évidemment, se posent les problèmes d'accord ensuite.
Je l'ai déjà dit : je crois qu'il faut simplement laisser la langue (et la pratique) trouver ce qui est le mieux. Elle trouvera, et nous nous y adapterons, sans problème(s).
Muriel
Portia
En résumé : on ajoute un e ou on garde le mot tel quel :lol:. En fait on connait déjà un grand nombre d'exemples et il n'y a que 7 règles en tout : pas de quoi transpirer longtemps ! D'où sort ce Tokamac ?
J'ai l'impression qu'une sentinelle fait plutôt référence à un position puisque le métier concerné est celui de soldat.
On sent bien tout de même un manque, une imprécision puisque on trouve des ajouts du mot femme à certaines professions ce qui est plutôt lourd et gauche. Et il reste les problèmes d'accord. Le conservatisme est le mode de fonctionnement habituel en société. Or on fabrique de nouveaux mots techniques pour suivre le progrès, on crée aussi de nouvelles lois pour contraindre les gens à évoluer et en comparaison il est si simple d'ajouter un e ou un simple article féminin à un terme masculin. A nouvelles situations nouveaux mots.
Il y a aussi un lexique très complet au Canada et ils vont plus loin allant jusqu'à faire des recommandations en matière de syntaxe
Muriel
Je pense que c'est uniquement une question de temps. On dira dans quelques années une professeur, ou une professeure : et tout le monde s'y sera fait. Il faut avoir eu un temps suffisant d'écoute ou de lecture pour que le terme devienne une norme. À mon avis, cela se fera tout seul et les dictionnaires entérineront l'usage majoritaire. Je trouve cela bien.
Édit : Je crois que c'est mieux que d'imposer un féminin (professoresse, professeuse...) qui n'aurait pas fait ses preuves.
Muriel
Jehan
Mélange des genres. ;)
Soyons tokamaquement logiques :
S'il est une sentinelle, elle sera un sentinel.
S'il est une estafette, elle sera un estafet.
S'il est une ordonnance, elle sera un ordonnanc. (avec c muet, comme blanc)
Ce mec est une gouape, et sa nana sera un gouap.
Ce mec est une petite frappe, et sa nana sera un petit frap.
(avec p muet, comme loup) :P
Portia
Je ne suis pas sure que frappe, gouape et les autres soient des métiers =)et l'armée grande muette encore, va rester sur sa réserve et ses réservistes s'il y en a encore.
Il n'est pas question de remanier la langue de façon ludique mais de tenir compte d'une réalité nouvelle : les professions et métiers se sont féminisés. Il existe un mot un peu barbare : on demande aux gens de devenir pro-actif dans leur vie professionnelle, pourquoi se replier dans l'attente ailleurs ? Les dictionnaires ont mis 18 ans pour intégrer les recommandations sur quelques réformes orthographiques alors qu'ils surveillent le terrain pour les mots de journalistes à peine mûris au soleil d'un été. S'ils entérinent un usage, il faut donc bien utiliser les diverses formulations au plus tôt.
Pour revenir aux règles simples proposées par l'Institut national de la langue française (INALF) et en utilisant le bon sens :
"2.a. Noms se terminant par -e
La forme féminine est identique à la forme masculine (forme épicène),
ex. : une architecte, une astronaute, une cadre, une capitaine, une commissaire..."
On ne peut pas se plaindre : c'est à la portée d'un élève de primaire (si on supprime le mot épicène évidemment.
P.S j'ai repéré tokamac
Izazie
Dans cette histoire de féminisation des mots, il y a tout de même deux ou trois petites choses qui me chagrinent...non, qui me mettent en rogne!
Autant que je me souvienne, on n'a jamais eu aucun problème à dire "une cuisinière" pour une femme dont le métier est de cuisiner, ou une doctoresse, ou une directrice d'école, ou une institutrice, etc.
Jamais jusqu'à ce que ces messieurs de l'Académie et du gouvernement s'en mêlent!
Or maintenant, j'entends couramment parler de "Madame le Directeur", "Madame le Docteur", "Unetelle, cuisinier de restaurant trois étoiles".
Pourquoi ne pas garder la bonne vieille façon de parler, quand elle existe déjà? Pourquoi un femme pourrait-elle être Directrice d'école mais pas Directrice de Cabinet?
Ou serait-ce que plus la fonction est élevée, plus le masculin s'impose? :P
J'irai même plus loin: le mot "préfète" pourrait aussi bien désigner l'épouse du préfet que celle qui exerce la charge, non? Ces messieurs-et-dames les officiels on fait bien pire!
Jehan
Il n'est pas question de remanier la langue de façon ludique
Je sais bien que mon message était un peu hors sujet, Portia...
Mais dans mon esprit, il s'agissait juste d'un petit moment de détente !
Voir les smileys...
[supprimé]
Pendant longtemps, au moins dans nos campagnes, la pharmacienne était la femme du pharmacien. Il était donc mal venu d'appeler pharmacienne une femme pharmacien !
Quant à la préfète, nous avons eu pendant quelques temps deux femmes, l’une préfet(e) de région, l’autre du département, l’une souhaitant se faire appeler « Madame le Préfet », l’autre « Madame la Préfète ». J’avais noté leur préférence pour ne pas me tromper.
Le seul avantage de l’adaptation des noms de métiers au sexe est que maintenant plus personne ne peut ignorer ce qu’est la maïeutique depuis que les hommes sage-femmes sont devenus de maïeuticiens.
Jehan
Le seul avantage de l’adaptation des noms de métiers au sexe est que maintenant plus personne ne peut ignorer ce qu’est la maïeutique depuis que les hommes sages-femmes sont devenus des maïeuticiens.
Plus personne ? Vous êtes bien optimiste, Anne... =)
Portia
Jehan, j'avais bien pris le message comme un moment de détente (j'ai d'ailleurs fait une première remarque sur l'armée avec un smiley qui a mal fonctionné et que je n'ai pas pu éditer). Je vois seulement les improvisations sur la grammaire comme risquées vu les énormités qu'on peut lire tous les jours en grammaire de base.
Contrairement à Anne je pense que la féminisation des noms de métiers et professions ne se réduit pas à quelques consignes protocolaires. Il y a un poids symbolique et parfois politique qui sous-tend les mots.
On peut croire que modifier une situation où le masculin est l'usage habituel revient à chanter un "ça ira " inutile et superficiel. Et pourtant ! L'histoire a joué un rôle, les mots reflètent la société. Voir la présentation sur le net du livre de Béatrice Fracchiola (une universitaire) : Anthropologie de la communication : la question du féminin en français En ce qui concerne la France elle rappelle d'abord ce qui est mentionné dans le guide Femme, j'écris ton nom...Guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions, à savoir que le problème des féminins pour les métiers n'existait pas au Moyen-Age et continue avec cet extrait :
"Les premières règles d’accord de genre en français apparaissent au 17e siècle en même temps qu’une réflexion sur la langue. On voit aisément comment à partir de ces règles – et en particulier de la règle selon laquelle le masculin « l’emporte » sur le féminin – émerge la création culturelle d’une problématique idéologique, elle-même fondée sur des principes historiques, masculins et arbitraires que le mouvement précieux a accompagnés : « Pour une raison qui semble commune à toutes les langues que le genre masculin étant le plus noble doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin sont ensemble » (Vaugelas : 1647, p.27) ; ou encore : « Le plus fort l’emporte pour dire que les plus puissants ont toujours l’avantage. Masculin qualifie le plus noble des genres, celui qui a ordinairement l’avantage sur l’autre. » (Furetière : 1690, p.29). Mais aussi : « Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. » (Beauzée : 1767). Et enfin : « Les mots masculins sont du premier genre puisqu’ils expriment la chose avec un rapport au mâle, ou comme étant de ce premier sexe. Les mots féminins sont désignés par leur appartenance au second genre ou second sexe » (Girard : 1747).
On voit ainsi comment les difficultés liées à la féminisation des noms de métiers trouvent leurs origines idéologiques et politiques dans la société du 17e siècle, pour ressurgir dans les années 80, via le Québec, en raison de l’accession progressive des femmes à des postes à haute responsabilité, dont les titres ne se déclinent qu’au masculin. Aujourd’hui, cette problématique éminemment politique, dans la mesure où elle touche à la place des femmes dans la cité et dans la société, est devenue, pour le linguiste, une problématique sémantico-pragmatique et discursive. Il s’agit en effet de donner un nom à et de légitimer par ce nom, dans la réalité de leurs fonctions sociales, de nouveaux référents féminins, sans ambiguïté (Madame la ministre, la chirurgienne, la médecin…)."
Le sujet est bien politique et les correcteurs orthographiques avancent avec des précaution de Sioux, et un attentisme remarquable. Si on prend orthonet qui donne un état des lieux sur la féminisation, ce site refuse de prendre parti :
"Ne demandez pas à Orthonet si vous « devez » ou si vous « pouvez » employer un féminin néologique . (l’écrivaine, la maire, la professeure, ma successeure…).
C’est un choix qui vous appartient. - Pas de NORME pour la francophonie. - Il s’agit d’usages récents, diversement appréciés suivant les pays et les milieux.
Orthonet vous informe, mais ne vous dicte pas vos choix. "
Leur messagerie répond à une question par d'autres questions
"27/02 - Je suis "responsable financier" et me demande si je ne devrais pas écrire "responsable financière". Merci d'avance pour votre aide
Dans votre milieu professionnel, a-t-on admis et pratique-t-on déjà la féminisation de titres comme le vôtre?
Sinon, comment serait accueilli votre geste d'indépendance? "
Il y a de quoi rester muet ou muette évidemment. Un e de plus est une manifestation politique qui risque de vous faire mal voir si vos collègues et supérieurs sont des dinosaures ! Donc plus on connaîtra le Guide ... plus ces mots féminisés seront écrits sur des cartes professionnelle, plus ils seront utilisés, moins on verra de ces remarques politiquement prudentes.
[supprimé]
Je ne réduis pas la question à un aspect protocolaire, et je ne pense pas que mes préfètes le faisaient en ayant choisi l'une ou l'autre appellation. C'est juste de la politesse, je respecte leur choix même celui que je ne partage pas.
Personnellement, j'ai toujours trouver cette revandication de certaines femmes inutiles. Ou alors il faudrait l'étendre à tout : ples de femmes "chefs (cheftaines ?) de famille, plus d'hommes qui serait des lavettes (lavet ?)...
Pour les aspects grammaticaux voir aussi
là.
Zorah
Muriel a écritJe pense que c'est uniquement une question de temps. On dira dans quelques années une professeur, ou une professeure : et tout le monde s'y sera fait. Il faut avoir eu un temps suffisant d'écoute ou de lecture pour que le terme devienne une norme. À mon avis, cela se fera tout seul et les dictionnaires entérineront l'usage majoritaire. Je trouve cela bien.
Édit : Je crois que c'est mieux que d'imposer un féminin (professoresse, professeuse...) qui n'aurait pas fait ses preuves.
Muriel
Je suis parfaitement d'accord. L'évolution se fera. Il y a une soixantaine d'années notre professeur de français nous déconseillait de dire ou d'écrire "une" enfant. "On dit
un enfant, quel que soit son sexe."
Jehan
Pour ce qui est du mot "enfant" et de la remarque du professeur, ce n'était pas tellement une question d'usage nouveau qui aurait été entériné seulement plus tard.
Car il y a bien plus de soixante ans, pour ne pas dire des siècles, que ce mot est épicène.
Et chez les meilleurs auteurs.
Le prof n'était sans doute pas au courant !