Térentia
Bonjour,
Comme j’ai pu la constater dans mon dictionnaire « sinon » est une conjonction de subordination qui équivaut à « si ce n’est ».
Et d’ailleurs on peur facilement remplacer cette conjonction par « si ce n’est » dans les exemples suivants :
Ex : Il ne joue jamais, sinon aux échecs.
Ex : Les deux femmes n'obtinrent rien de lui, sinon qu'il s'en allât
Mais récemment, mon professeur m’a distribué un polycopié qui contient la phrase suivante :
« le concept même de « point de vue » (sinon le terme, et encore moins la chose) semble remonter à la fin du XIX è siècle. »
Il me semble qu’ici le remplacement par « si ce n’est » est quelque peu inadéquat et qu’un remplacement par « non » ou « non pas » serait plus correct. Est-ce normal ? « sinon » pourrait-il équivaloir dans un niveau de langue soutenu à un adverbe de négation ?
Jehan
Bonjour.
Le dictionnaire classe bien sinon dans les conjonctions,
ce qui me semble étrange, puisque dans ces exemples
il est en fait l'équivalent de prépositions
comme sauf ou excepté.
Il ne joue jamais, sinon (sauf) aux échecs.
Les deux femmes n'obtinrent rien de lui, sinon (excepté) qu'il s'en allât.
En tout cas, pourquoi conjonction de subordination ?
Pas de subordonnée dans la première phrase,
et dans la deuxième phrase, "sinon" ne fait pas partie
de la subordonnée "qu'il s'en allât",
qui est COD du verbe "obtinrent".
"Le concept même de "point de vue" (sinon le terme,
et encore moins la chose) semble remonter à la fin du XIXe siècle."
C'est dans cette phrase, selon moi, que sinon
mériterait le mieux l'appellation de conjonction
( sinon = "et non", ou "mais non").
Ce serait ici une conjonction à sens négatif, tout comme "ni", par exemple.
Mais tu auras sans doute d'autres avis !
Lucretius
On peut considérer que sinon est une conjonction de subordination dans l'exemple suivant:
Ne mange pas la bouche pleine, sinon tu auras une fessée.
Pour les autres cas, on peut estimer qu'il y a ellipse du verbe, un peu comme cela se fait souvent avec quoique:
Il est gentil quoique chiant.
Mais je reconnais que jamais conjonction de subordination n'aura été suivie d'une ellipse du verbe aussi systématique.
Jehan
C'est sûr. Il est tentant de voir une ellipse généralisée dans la plupart des emplois. Puisque la formation du mot "sinon" sous-entend "si cela n'est pas". Mais effectivement, le côté systématique de cette ellipse est remarquable !
Autre remarque :
"Ne mange pas la bouche pleine, sinon tu auras une fessée."
sinon serait ici conjonction de subordination ?
"Ne mange pas la bouche pleine, ou bien tu auras une fessée."
Pourtant, ou bien n'est pas conjonction de subordination...
Lucretius
"Ne mange pas la bouche pleine, sinon tu auras une fessée."
sinon serait ici conjonction de subordination ?
"Ne mange pas la bouche pleine, ou bien tu auras une fessée."
Pourtant ou bien n'est pas conjonction de subordination...
On peut faire la même remarque sur la différence entre "car" et "parce que".
Je te donne une fessée parce que tu as mal agi.
Je te donne une fessée car tu as mal agi.
Jehan
Quelle est la fonction de cette subordonnée commençant par "sinon"?
Complément circonstanciel comme les autres ? Qu'exprime ce complément circonstanciel ?
Dans le cas de parce que, c'est la cause, par exemple...
Et parce que, grâce à son que, lui, est sans ambiguïté une locution conjonctive de subordination.
Et dans le cas où "sinon" est remplaçable par la préposition "sauf", que dire de sa nature grammaticale ?
Lucretius
En fait, dans le cas que je t'ai donné "sinon" équivaut à "dans le cas contraire", ce qui fait que "sinon" sous entend non seulement le verbe, mais aussi la proposition dans son ensemble.
Lave toi les mains, sinon tu attraperas des maladies. =
Lave toi les mains, si tu ne te laves pas les mains, tu auras une maladie.
Du coup Jehan, je pense que tu as raison de considérer que les grammairiens ont tort de considérer cela comme une conjonction de subordination, ou alors ce serait la seule conjonction qui sous entende systématiquement la proposition qu'elle est censée introduire.
Jehan
A vrai dire, les grammaires et les dictionnaires ne parlent que de "conjonction" sans préciser s'il s'agit de coordination ou de subordination. Comme j'ai expliqué plus haut, la "coordination" me semble plus plausible.
Une subordonnée conjonctive peut en effet s'antéposer :
Je sors parce qu'il fait beau
Parce qu'il fait beau, je sors.
Mais une coordonnée de même sens ne le peut pas :
Je sors, car il fait beau.
Car il fait beau, je sors.
Pas plus qu'on ne peut dire :
Sinon tu seras puni, sois sage.
C'est pour cela qu'à mon avis, sinon, s'il est conjonction, coordonne plutôt qu'il ne subordonne.
Lucretius
Tu as raison, mais elle descend néanmoins d'une conjonction de subordination, et c'est suite à une ellipse fracassante pire que "dont acte", qu'elle est devenue conjonction de subordination, à défaut de meilleur classement.