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Diplôme national du brevet

Corrigé du brevet 2007 (épreuve de français)

Correction des questions

Le sujet est disponible ici. (Texte de Victor Hugo, Les Misérables)

Cette page a été rédigée par Forever-L, avec l’aide de Cabotine.

I. Un aubergiste singulier

1.
a) Dans une phrase où l’on trouve les deux temps, l’imparfait (second plan) permet de planter le décor de l’action principale (premier plan) exprimée par le passé simple. Ici, « se chauffait » est un imparfait de second plan tandis que les verbes au passé simple présentent les actions de premier plan (brèves et résolues).
b) L’emploi du passé simple attire l’attention sur l’aubergiste, – mis sur le devant de la scène – comme l’indique « le digne aubergiste… tira… ».

2.
a) Dans le reste du texte, le nom commun « hôte » reprend le terme d’« aubergiste ».
b) Un aubergiste se doit d’être accueillant avec ses clients, savoir mettre en confiance et témoigner d’une certaine hospitalité (étymologie commune des termes « hôte » et « hospitalité »).

3.
a) Entre les lignes 20 et 27, l’aubergiste a recours à des phrases négatives. Exemples : « Je n’ai pas » et « je ne puis ».
b) Voici trois expressions caractérisant la manière dont l’aubergiste parle au voyageur : « un ton mesuré, mais ferme », « dit d’un accent qui le fit tressaillir » et « ajouta toujours à voix basse ».

4. Jacquin Labarre ne semble point être un « digne aubergiste ». En effet, l’hôte, devant faire preuve d’hospitalité et d’amabilité, apparaît d’abord mystérieux. Puis, l’emploi fréquent de phrases négatives (« je ne puis ») témoigne d’un fort refus, d’un grand entêtement. Enfin, la façon dont il s’adresse à Valjean est presque agressive, « ferme » faisant « tressaillir » le héros. Par conséquent, l’aubergiste devient bien singulier et ne remplit pas ses « devoirs », voulant faire partir Jean.

II. Un voyageur indésirable

1. Le voyageur arrive à l’auberge de Labarre. Ce dernier semble hostile et ne fait pas preuve de dignité. Pour se défendre, Valjean assure qu’il paiera (« J’ai de l’argent ») et il veut manger comme l’atteste « Mais je meurs de faim, moi ». De plus, il est très fatigué (« fait douze lieues »). Quoi de plus naturel alors, pour un homme honnête et épuisé, d’aller se ressourcer dans une auberge ?

2. « Et » indique l’addition et ici, une sorte d’affirmation.

3. Le terme mis en relief est le pronom personnel complément « moi », relief accentué par la virgule. Le lecteur, en lisant, marque une pause et s’attarde alors sur « moi ». Valjean accentue sa personne, sa présence. Il se démarque ainsi des autres clients et même de l’aubergiste. Il veut que ce dernier l’écoute attentivement et l’aide activement. Une forte opposition se manifeste ainsi. Il faut souligner la redondance du pronom « moi » par rapport au pronom « je », insistant à plus forte raison.

4. Le voyageur expose des arguments pour justifier sa présence, il se démarque des autres. Ainsi Jean Valjean adopte-t-il une attitude entêtée, ne se laissant pas faire. Toutefois, cela tend vers la légitimité.

5.
a) Le narrateur emploie : « le nouveau venu », « l’homme », « l’étranger » et « le voyageur ».
b) L’aubergiste utilise : « Monsieur » et « Jean Valjean ».
c) Après avoir été nommé « le nouveau venu » ou encore « l’étranger », le héros est découvert. En effet, l’aubergiste sait son nom : « Jean Valjean ». Son identité apparaît. Le paratexte informe le lecteur que cet homme a été au bagne pour vol, l’aubergiste craint alors qu’il recommence chez lui. Il est reconnu.

III. Le face à face

1. Le face à face se produit. Chacun compte bien se défendre ! Pour l’aubergiste, il faut absolument que « l’étranger » parte de son établissement, ne voulant pas être volé : « allez-vous-en ». Utilisant des phrases négatives, il affirme ne pas pouvoir le recevoir. Quant à Valjean, il fait tout pour être accepté à manger et se reposer dans ce lieu : « j’ai de l’argent » ainsi que « j’ai faim, et je reste ».

2. a) et b) Non Jean Valjean ne se laisse pas faire par l’aubergiste, se défendant du mieux qu’il peut. Pour cela, il se sert de nombreuses phrases interrogatives, comme « Combien sont-ils ? » dans le but de comprendre le refus de l’hôte. Il attend que ce dernier se justifie.

3. « Allez-vous-en » : l’infinitif est « s’en aller », le mode est l’impératif et le temps est le présent.
Cette phrase est importante puisqu’elle démontre ouvertement l’objectif de Labarre. Ce dernier ne veut pas courir le risque d’avoir un ancien condamné chez lui. Le pauvre Valjean va sans doute partir, bien malgré lui et ses envies. Cet ordre agressif est irrévocable et non contestable. Le ton est violent : trois mots seulement, un impératif et pas de formule de politesse !

4. Par-delà ces questions, la mauvaise foi de l’aubergiste a été démontrée. Mais celle-ci est accentuée de surcroît avec certains propos. Tout d’abord, il ment pour chasser Jean. Par exemple, il répond par des mensonges à chaque question insistante de Valjean : « Je n’ai rien » ou « tout retenu et tout payé d’avance ». Enfin, l’ordre « allez-vous-en », la question rhétorique « Savez-vous lire ? » et le ton du commerçant trahissent sa malveillance à l’égard du personnage principal. Il n’est donc plus « digne » comme l’était sa présentation au début de l’extrait. En outre, l’aubergiste est mis face à ses contradictions par le questionnement récurrent et inépuisable de Jean Valjean. Lorsqu’il est dos au mur, il devient très agressif. On comprend a posteriori l’ironie du terme « digne » de la première ligne.