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L’histoire

Les événements politiques et militaires forment le matériau brut de l’histoire. Il ne peut y avoir d’histoire sans récit. De fait, l’histoire peut désigner les événements (révolus) et le récit des événements. D’une certaine manière, l’histoire est la mémoire de l’homme. Parce que les événements ne peuvent être revécus, on ne trouve de l’histoire que dans le récit. Ni le livre d’histoire ni le film ne peuvent faire revivre les événements ; en fait, l’histoire commence avec le récit de l’historien. L’histoire est la conscience du passé.

Étymologie

Source : Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert.

La nature, le mythe et l’histoire

La nature

Il n’y a pas d’histoire dans la nature : les choses se répètent quasiment toujours de la même façon (par exemple : les saisons) et la nature est inconsciente. Du fait de la régularité de la nature, on peut l’expliquer par des lois. Toutefois, il y a des changements dans la nature (par exemple les ères géologiques ; cf. Échelle des temps géologiques). La nature a donc un passé, et par conséquent une histoire. Mais par comparaison à l’histoire des hommes, les changements dans la nature sont très lents.

Le mythe

Le mythe raconte des événements mais de manière surnaturelle et surhumaine.
Lire C. Lévi-Strauss, « sociétés froides » et « sociétés chaudes » sur Revue-klesis.org.

L’histoire

Pour qu’il y ait histoire, la conscience doit chercher des explications ailleurs que dans le mythe. On s’intéresse à l’histoire car elle est le fil directeur du passé.

La naissance de l’histoire

L’histoire exige une conscience du passé (un historien) et un support (l’écriture). Il doit y avoir une intention d’explication dans le récit historique. Le but de l’historien n’est pas (seulement) de dire ce qui s’est passé, mais d’expliquer les causes des événements : il rend intelligible le passé.

La causalité en histoire

Exemple résumé avec les causes de la Révolution française :

  • Cause économique : mauvaises récoltes, imposition lourde ;
  • Cause politique : montée de la bourgeoisie ;
  • Cause « psychologique » : personnalité de Louis XVI ;
  • Cause idéologique : combat des philosophes pour une société plus juste.

La Révolution est-elle née de ces quatre causes additionnées ?

Le but de l’historien, pour rendre intelligible son récit, est de choisir la cause principale d’un événement historique.

Cause et loi

Alors qu’une cause n’est valable que pour un certain temps et pour un événement, une loi est une cause constante. Y a-t-il des lois de l’histoire ? Pour Marx, par exemple, la lutte des classes est une loi de l’histoire. Si l’histoire a des lois, alors l’histoire est une science (connaissance fondée, vérifiée et objective).

Science de la nature

Science de l’histoire

  • L’objet est isolable
  • Facilité à déterminer la cause
  • Possibilité de l’expérience
  • L’objet est inerte
  • Impossibilité d’isoler l’objet d’étude
  • Difficulté à ne retenir qu’une seule cause
  • Impossibilité de l’expérience
  • Les hommes sont des sujets libres

L’histoire : une science humaine

Son objet : étudier le passé humain. L’histoire manque aux exigences d’objectivité des sciences de la nature. Néanmoins, l’histoire est une science : d’abord car elle obéit au principe du déterminisme (rien n’arrive sans cause(s)) et ensuite car elle peut être objective (témoignages, documents). Elle est également une science car elle permet la connaissance du passé humain.

La philosophie de l’histoire

La philosophie de l’histoire au XVIIIe siècle

Cf. Kant, Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (1784). Si l’histoire ne progresse pas du point de vue moral, alors elle n’a aucun sens. L’histoire universelle est celle de l’espèce humaine ; chaque nation a sa propre histoire. Point de vue cosmopolitique : l’histoire des hommes pourrait conduire à une unité politique mondiale. Il s’agit d’interpréter l’histoire comme si les événements historiques conduisaient les hommes à la réalisation, dans un futur indéterminé, à la réalisation de son unité politique afin de faire cesser les guerres.

La philosophie de l’histoire de Hegel

Thèse : l’histoire est la réalisation de la raison. La liberté se réalise par le moyen des événements. Chaque moment de l’histoire est une étape supplémentaire vers la liberté (idéalisme). Les conflits entre peuples aboutissent à la réalisation de la liberté sous la forme de droits, d’institutions et d’États → l’histoire est l’histoire de la liberté.

La philosophie de l’histoire de Marx

Cette philosophie est devenue une idéologie : le communisme. Deux thèses principales :

  • L’histoire est le résultat du développement ininterrompu des forces productives. Tout se passe comme si l’histoire humaine était commandée, non pas par les hommes, mais par le progrès inéluctable de la science et de la technique. Les hommes subissent le progrès. Les hommes luttent contre la nature. [Conception matérialiste de l’histoire]
  • « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes. » → Lutte des hommes entre eux.

L’histoire est un processus double : d’abord un processus de réalisation de l’homme (l’homme réalise sa nature (intellectuelle, physique) ; c’est le travail humain (intellectuel et manuel) – la production – qui est à la source du développement historique), puis un processus d’aliénation de l’homme (aliénation économique ; il y a deux classes : les dominants et les dominés). Pour Marx, la fin de l’histoire est la fin de la lutte des classes.

Pistes de réflexion (sujets de dissertation)

  • Qu’est-ce qu’un événement historique ?
    • Distinction fait divers / événement historique : l’événement historique a des conséquences.
  • Les hommes sont-ils les auteurs de leur propre histoire ?
    • Les hommes, par leurs actions, font-ils l’histoire ? Ceux qui font l’histoire sont les « grands » hommes. Les autres y participent seulement ; ils sont des moyens de faire l’histoire. L’histoire est-elle une force qui entraîne tous les hommes ?
    • L’homme, avec sa conscience, fait-il sa propre histoire ? Personne n’écrit l’histoire à sa place. L’histoire est écrite pour le présent.
    • Le « père de l’histoire » : Hérodote, Enquêtes.
  • L’histoire peut-elle être une science ?
  • L’histoire a-t-elle un sens ?
  • L’histoire est-elle ce qui arrive à l’homme ou ce qui arrive par l’homme ?
  • Peut-on changer le cours de l’histoire ?
    • L’histoire est-elle une fatalité ? L’homme a-t-il le choix d’agir ?
  • Puis-je invoquer le cours de l’histoire pour m’excuser de n’avoir pas agi ?
  • Le progrès historique est-il un mythe ou une réalité ?
  • Est-il juste de dire que l’histoire jugera ?
    • L’histoire est-elle un tribunal ? Est-il juste de dire que les générations futures jugeront ? L’histoire juge-t-elle ?
  • L’histoire est-elle le règne du hasard ?
    • L’histoire est-elle un hasard ou un ordre ? D’où viennent les acteurs de l’histoire ? Y a-t-il toujours des causes ?

Quelques références :

Voir aussi