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Bac français 2011, corrigé des questions

Bac de français 2011, séries technologiques

Corrigé des questions

Ce corrigé a été rédigé par Jean-Luc.

Quelle est la fonction principale de ces quatre scènes d’ouverture ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur les textes. (3 points)

Les trois premiers textes du corpus sont des scènes d’ouverture de pièces de théâtre extraites du Barbier de Séville de Beaumarchais, d’On ne badine pas avec l’amour de Musset, et d’ Un chapeau de paille d’Italie de Labiche. Cette position en tête de la pièce est attestée par le paratexte « Acte I, scène(s) 1 et 2 (uniquement pour le Barbier de Séville) ». Le quatrième, extrait de Quand deux dictateurs se rencontrent d’Eduardo Manet, est lui aussi un début, mais d’un récit, ce qui est indiqué par la mention d’incipit.
En principe la fonction de ces scènes d’exposition ou d’un incipit est de renseigner le spectateur/lecteur  sur le cadre spatio-temporel, le sujet de l’action, les personnages et d’établir avec lui un pacte de lecture.
Pour le cadre spatio-temporel, nous pouvons relever dans l’ordre : Séville en Espagne au XVIIIe siècle ; « Une place devant [un] château » viticole français au XIXe siècle ; dans le « salon » des « Fadinard », famille bourgeoise aisée du XIXe siècle ; une rencontre au XXe siècle « sur la terrasse d’un palais, sorte de forteresse construite au sommet d’une vertigineuse montagne ».
Le sujet de l’action est annoncé comme suit : le comte Almaviva voudrait séduire la belle Rosine enfermée chez elle ; Le « jeune Perdican » revient au château paternel après avoir réussi son doctorat ; Un « bourgeois » va se marier le jour même avec une riche héritière ; Deux dictateurs se rencontrent pour « le voluptueux plaisir d’être en face de son double ».
Nous apprenons que les personnages principaux sont un comte espagnol, la belle Sévillane Rosine et un auteur dramatique appelé Figaro ; le jeune aristocrate Perdican ; le bourgeois « Fadinard » et la « fille […] Nonancourt » ; deux despotes anonymes.
Quant au pacte de lecture, ces scènes nous indiquent, par leur tonalité et leur sujet, que les trois premières s’annoncent1 comme des comédies. L’intrigue galante, l’évocation du vin par deux fois, le spectacle d’un ivrogne, la présence de personnages ordinaires, de valets grivois et loquaces, la perspective d’un mariage, tout proclame la légèreté allègre du registre comique. La quatrième relève plutôt de la satire par les aspects caricaturaux de la paranoïa des dictateurs.

Chaque auteur a fait un choix d’énonciation différent pour débuter sa pièce (qui parle ? à qui ?). Précisez lesquels et étudiez quels peuvent être les effets de ces choix sur les spectateurs ou les lecteurs. (3 points)

Chaque auteur a choisi un type différent de la double énonciation théâtrale pour commencer sa pièce. Ces types permettent de répondre aux exigences de l’action en utilisant les échanges entre les interlocuteurs et en informant par la même occasion le spectateur. Beaumarchais a retenu deux monologues successifs où les personnages se parlent à eux-mêmes pour extérioriser leurs préoccupations du moment et, dans le même mouvement, se présenter directement au spectateur en lui partageant (involontairement) leurs états d’âme. Il s’agit bien entendu d’une convention. Musset se sert d’échanges burlesques entre un précepteur assoiffé et un groupe de paysans baptisé chœur, par référence au théâtre antique où cet ensemble était chargé de commenter l’action, pour nous présenter la science toute neuve et envahissante de son jeune élève. Labiche recourt au même procédé par le bavardage de deux domestiques qui nous informent des préparatifs du prochain mariage et nous livrent un portrait caustique des maîtres. Dans les deux cas, il s’agit de faire connaissance avec les protagonistes par personnes interposées. Le dernier extrait utilise un procédé issu des médias visuels modernes, celui de la voix off qui est chargée de commenter hors écran les images diffusées. Non seulement elle informe comme un journaliste mais elle confère au spectacle une apparente objectivité. Puis 1A et 1B2 reprennent classiquement la parole pour étaler leur orgueilleuse vacuité.


Notes

1 La 2e est en fait un drame, la 3e répond au genre plus précis du vaudeville.
2 Un clin d’œil possible au discours philosophique du Supplément au voyage de Bougainville de Diderot.

Voir aussi

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